Etincelle Santé

La clé du bonheur

En 1938, une équipe de chercheurs de Harvard ont commencé l’étude la plus longue jamais réalisée (85 ans!) sur les facteurs encourageant la santé et le bonheur. En suivant des étudiants de l’université ainsi que des jeunes d’un milieu particulièrement défavorisé de Boston, puis leurs épouses, enfants et petits-enfants, ils ont progressivement découvert le facteur le plus important : des relations de qualité, chaleureuses, profondes et aimantes.

 

 

Relations profondes et aimantes

Au début, les chercheurs pensaient que le succès professionnel, le milieu social et des facteurs biologiques pourraient expliquer une longue vie, heureuse et en santé. Mais depuis une trentaine d’années, ils ont compris que les relations humaines chaleureuses sont le facteur le plus important. Et peu importe le type de relations : qu’elles soient amoureuses, amicales, familiales, professionnelles ou simplement des interactions bienveillantes avec des gens que l’on croise au quotidien, voire même avec des inconnus.

 

 

Les gens qui entretiennent des relations chaleureuses ont tendance à vivre plus longtemps, en meilleure santé et en étant plus heureux.

Les directeurs de l’étude l’ont dit

«La solitude tue. C’est aussi puissant que la fumée ou l’alcoolisme». – Robert Waldinger

 

«Lorsque l’étude a commencé, personne ne intéressait à l’empathie ou à l’attachement. Mais la clé du vieillissement en bonne santé, c’est les relations, les relations, les relations.» – George Vaillant

 

 

«Le sentiment de solitude couplé au stress fait partie de ce qui dégrade la santé. C’est pour cela que les chercheurs considèrent que la solitude est aussi dangereuse que le fait de fumer un demi paquet de cigarettes par jour ou d’être obèse.» – Robert Waldinger

 

 

Enfance et relations

Dans l’enfance, une relation chaleureuse avec sa mère est liée à un salaire (en moyenne) plus élevé, une meilleure efficacité au travail et un risque de démence réduit. Une relation chaleureuse avec son père est liée avec une anxiété réduite, une excellente capacité à profiter des vacances et une satisfaction de vie élevée lorsqu’on l’évalue à l’âge de 75 ans. Ne vous inquiétez pas si votre situation familiale était (comme dans beaucoup de cas) chaotique : rien n’est figé et il est toujours possible de renverser des facteurs défavorables en créant de nouvelles relations de qualité.

 

Compétences sociales

Toute stratégie est bonne pour favoriser ses liens sociaux. Le simple fait de maintenir le contact avec des êtres chers, de renouer avec de vieux amis
ou des membres de sa famille perdus de vue est favorable. Vous pourrez organiser ou participer à des activités ensemble et si vous vous sentez
aventureux·ses, tenter une nouvelle expérience. Une découverte partagée renforce le lien et l’intimité, ne serait-ce qu’à renfort de fous rires en ayant tenté quelque chose de particulièrement loufoque.

Essayez aussi de lancer des discussions avec des inconnu·e·s, que ce soit au marché ou dans le bus. Les participant·e·s de l’étude qui ont tenté l’expérience s’en sont tous retrouvés enrichis ! J’affectionne particulièrement cet outil qui me permet de faire des rencontre insolites et enrichissantes.

Enfin, les outils de communication et des connaissances (même rudimentaires) de psychologie humaine favoriseront la profondeur et la qualité des liens créés et entretenus.

Autres facteurs

Le fait de prendre soin de sa santé et maintenir une santé optimale selon son contexte permet d’éviter (ou limiter) de nombreuses inquiétudes. Ici encore, de bonnes relations favorisent une bonne santé : les personnes épanouies dans leurs relations à 50 ans sont en meilleure santé à 80 ans. De plus, les mariages heureux à l’âge de 80 ans ont un effet protecteur sur la santé mentale et la réponse à la douleur : l’humeur de la personne concernée ne baisse pas les jours de douleur physique accrue alors que dans les cas de mariages malheureux, la douleur émotionnelle pèse sur la douleur physique qui augmente alors que l’humeur baisse.

Le succès professionnel, le quotient intellectuel (QI), l’éducation et la culture peuvent effectivement contribuer au bonheur mais sont tous moins importants que les relations sociales. Il ressort de l’étude que la qualité des relations favorise même les succès financiers, plus que le QI ou d’autres facteurs que l’on pourrait penser essentiels.

Le bonheur est inconstant

N’oubliez pas, à l’heure des médias sociaux où tout passe par un filtre glamour, que le bonheur est inconstant, comme tout autre état d’être. La vie est faite de hauts et de bas, et les liens sociaux favorisent la résilience lors des situations difficiles. Le simple fait d’avoir quelqu’un à qui parler après une longue journée éprouvante permet de baisser la réponse du corps au stress (lutte, fuite ou tétanie), tandis que les gens qui n’ont personne à qui parler ont tendance à être en permanence dans cet état de réponse au stress.

Il n’est jamais trop tard

Le fait de maintenir (ou découvrir) une ouverture sur le monde et être prêt·e à faire évoluer son point de vue permet de gagner des points de bonheur à tout instant de la vie. Des personnes aux enfances dramatiques ont pu avoir accès au bonheur grâce à leur volonté, leur ouverture et leurs liens sociaux.

Références

https://www.adultdevelopmentstudy.org/

https://news.harvard.edu/gazette/story/2023/02/work-out-daily-ok-but-how-socially-fit-are-you/

https://news.harvard.edu/gazette/story/2017/04/over-nearly-80-years-harvard-study-has-been-showing-how-to-live-a-healthy-and-happy-life/

https://www.medscape.com/viewarticle/994286?ecd=mkm_ret_230720_mscpmrk-OUS_DisReferences_etid5661296&uac=327829SG&impID=5661296

https://en.wikipedia.org/wiki/Grant_Study


Pour ceux qui aiment les vidéos

TED talks par Robert Waldinger (sous-titres disponibles)

https://www.youtube.com/watch?v=IStsehNAOL8

https://www.youtube.com/watch?v=8KkKuTCFvzI


Pour aller plus loin

Livres de Georges E. Vaillant (qui a mené l’étude de 1972 à 2004)

Triumphs of experience (2012)

Adaptation to life (2012)

Aging well : Surprising guideposts to a happier life from the landmark study of adult development (2008)