En automne 2021, j’ai suivi un cours de communication non-violente (CNV) avec Pascal Gremaud dans le cadre d’une formation à l’EPSN.
J’avais déjà quelques bases, je savais écouter l’autre, formuler les impressions en « je » et ces petits outils qu’on entend 50’000 fois quand on se forme dans les thérapies complémentaires et qu’on s’intéresse un minimum à la psychologie de la communication humaine. Je n’avais par contre pas été au fond du principe et depuis que j’ai compris les sentiments et les besoins derrière tout conflit, je communique mieux, je m’exprime plus justement et j’entends mieux ce que l’autre ressent.
Oui, exprimer ses ressentis à la première personne est une bonne base, cette formulation permet de s’identifier comme le sujet du ressenti plutôt qu’exprimer son ressenti comme étant un fait supposément objectif. Mais dire « je te sens très agressif » n’est pas une grande amélioration par rapport à « mec, t’es super agressif là » ! Ce sera d’autant plus pertinent de se demander pourquoi l’on perçoit une agressivité venant de l’autre, quelles sont les sensations et les émotions ressenties à ce moment-là, et quels sont nos besoins fondamentaux, inhérents à tout être humain, qui ne sont pas remplis. L’agressivité en soi n’est souvent qu’un mécanisme de défense, qui tend à indiquer une effervescence interne chez l’autre, qu’il·elle n’arrive pas à exprimer autrement. Ainsi, il est plus que probable que les deux parties ressentent des émotions désagréables à cet instant et bénéficieraient de pouvoir observer et exprimer avec justesse ce qui se passe en eux.
J’ai choisi d’utiliser les merveilleuses illustrations d’Apprentie Girafe pour cet article, n’hésitez pas à faire un tour sur leur blog, je le trouve magique ! A chaque visite, il me fait tellement chaud au coeur et j’apprends quelque chose de nouveau ❤️
Contrairement à ce que nous a trop souvent appris notre éducation, nos émotions ne sont pas des choses futiles et inutiles qui nous empêchent de fonctionner correctement et devraient donc être contrôlées. Ce sont plutôt des réactions physiologiques, en réponse à notre perception d’un stimulus, traitée au travers des filtres de notre expérience de vie, des croyances que nous avons construites suite à ces expériences et des mécanismes que notre a cerveau a mis en place pour nous protéger et nous défendre contre les dangers de mort et les émotions désagréables.
Ce que nous ressentons est donc particulièrement utile, et même vital ! Pensez-vous réellement que notre évolution aurait mis en place des mécanismes si complexes et énergivores s’ils ne nous servaient à rien ? Les neurosciences comment d’ailleurs à élucider leur mise en place au niveau du développement du cerveau, c’est un sujet absolument fascinant !
Conclusion, le plus favorable sera d’accueillir et d’écouter nos émotions. Parfois cette simple action consciente est suffisante. Dans d’autres cas, elle permettra d’identifier la cause afin de l’adresser et d’en prendre soin.
Derrière chaque conflit comme derrière chaque émotion se trouvent des besoins. Je parle des besoins fondamentaux, communs à tous les êtres humains, comme la sécurité, l’amour, le partage, la tendresse, la spiritualité, le repos, le mouvement, la compréhension, la coopération, etc.
En réalité, les conflits comme les émotions désagréables (souvent appelées négatives), nous indiquent des besoins qui ne sont pas remplis dans la situation actuelle. Ce sont donc des opportunités de s’écouter, d’identifier les besoins que nous avons et de mettre en place des stratégies qui nous conviennent pleinement afin de les remplir.
A l’inverse, les émotions agréables (souvent appelées positives), nous indiquent des besoins qui sont remplis dans la situation actuelle. Par exemple, je ressens de la joie en écrivant ce post car il contribue à remplir mon besoin de partage 🥰 (…et un peu de fatigue vu l’heure, qui m’indique un besoin de repos que je ne vais pas tarder à aller remplir!)
La notion d’avoir besoin que quelqu’un fasse quelque chose est généralement erronée. Les besoins fondamentaux n’impliquent jamais une personne spécifique ni une action spécifique. Lorsque c’est le cas, nous ne sommes plus dans les besoins mais dans les stratégies pour remplir lesdits besoins.
Par exemple, j’ai déjà pensé avoir besoin que mon colloc’ nettoie et range sa vaisselle après son repas. En réalité, j’avais besoin d’ordre et de propreté et lorsqu’il laissait traîner sa vaisselle cela allait à l’encontre de ces besoins. Similairement, j’avais « besoin » qu’il m’aide pour le jardin. En réalité, j’avais effectivement besoin d’aide mais n’importe lequel·laquelle de mes autres ami·e·s, ou même un·e paysagiste pouvait m’aider à remplir mon besoin d’aide à ce moment-là.
Similairement, je suis quelqu’un de très tactile, j’adore les câlins, je prends facilement la main des gens que j’aime pour leur témoigner mon soutien et mon affection, et j’ai facilement des gestes de tendresse comme une gratouille dans le dos lorsque je passe derrière un·e ami·e en cuisine. Tous ces gestes sont des stratégies qui contribuent à remplir mes besoins d’amour, de tendresse, de partage, d’expression et simplement de contact humain. L’un ou l’autre de ces besoins pourra être prédominant selon le moment, et ce sont ces stratégies qui m’aident principalement à les remplir. Ce sont aussi les stratégies qui me viennent spontanément lorsque je perçois ces besoins en face de moi. Mais ce ne sont pas les seules qui existent. Les stratégies que je viens d’énumérer ne représentent qu’un seul des cinq langages de l’amour (le toucher physique, les mots d’affirmation, les cadeaux, le partage de temps de qualité, les actes de service), et je ne vous parle encore uniquement du besoin d’amour (c’est un de mes préférés).
Pour chacun de ces besoin, nous avons donc une infinité de stratégies possibles, que l’on peut remplir seul·e ou à plusieurs. On peut par exemple se faire un câlin intérieur et se dire des phrases se renforcement positif tout en s’invitant à son restaurant préféré (j’adore cette stratégie) : on aura alors utilisé plusieurs des langages de l’amour envers soi-même afin de remplir ce besoin. Et si vous pensez « mais c’est pas drôle seul·e », c’est potentiellement parce que votre besoin de partage ou de contact humain est plus présent dans l’immédiat que votre besoin d’amour 😉
